Oublié puis devenu indispensable, la véritable histoire du gel hydroalcoolique
Le gel hydroalcoolique est partout
Il fait désormais partie de nos vies. A la sortie du supermarché, du métro, en rentrant chez soi, après avoir emprunté les transports en commun... nous avons pris l'habitude de sortir ce petit flacon de nos poches. Un liquide transparent à l'odeur particulière avec lequel nous nous frottons vigoureusement les mains. A l'instar les masques, le gel hydroalcoolique a pris une place toute particulière dans l'épidémie de Covid-19 qui touche la planète. Alternative au savon et à l'eau lorsqu'ils ne sont pas disponibles, il permet de se protéger d'une éventuelle infection peu importe l'endroit où l'on se trouve. Déjà sur le devant de la scène au moment de l'épidémie de grippe H1N1 en 2009, l'invention du gel hydroalcoolique est en réalité bien plus âgée. La première "recette" a vu le jour il y a plus de 50 ans.
L’origine de la création du gel hydroalcoolique
En 1960, Guadalupe Hernandez mélange de l'éthanol avec de l'eau oxygénée et du glycérol
L'histoire commence dans les années 1960 à Bakersfield, une ville de Californie aux Etats-Unis, à 160 kilomètres au Nord de Los Angeles. Cette ville possédait à l'époque pour principales activités l'agriculture et l'industrie minière. Deux corps de métiers salissants, où le lavage des mains est compliqué sans accès à un point d'eau avec du savon. A l'époque, une étudiante infirmière, Guadalupe Hernandez, aurait alors eu l'idée de créer un gel hydroalcoolique. Elle aurait été la première à mélanger de l'éthanol avec de l'eau oxygénée et du glycérol, créant ainsi un produit pour se laver les mains n'importe où. Une avancée majeure dans cette partie de la Californie. Consciente de l'importance de sa découverte, Guadalupe Hernandez aurait "appelé une hotline sur les inventions dont elle avait entendu parler à la télévision et a déposé un brevet", selon le média latino-américain Remzcla. Mais le registre des brevets américains ne mentionne pas le nom de l'infirmière californienne. Finalement, un voile de mystère enveloppe toujours Guadalupe Hernandez : aucun document ne prouve réellement son existence selon une enquête du Los Angeles Times. Mais chose est sûre : le gel hydro-alcoolique commence alors à être utilisé petit à petit dans les hôpitaux aux Etats-Unis et sera commercialisé par plusieurs industriels.
Succès fou auprès des garagistes
Pourtant, l'alcool n'est pas l'idéal pour les mains, car il les rend toutes sèches. À partir des années 1960, plusieurs personnes dans le monde ont donc eu l’idée de mélanger de l’alcool à d’autres composants et notamment à du gel. Il y a donc plusieurs histoires concurrentes, dont celle de l’entreprise américaine qui a mis le gel hydroalcoolique dans le quotidien des gens : GOJO, créée par un couple composé de Goldie ('Go') et Jerry ('Jo').
Le premier produit inventé, en 1946, est une substance qui permettait aux garagistes d’enlever le cambouis qu’ils avaient dans les mains. C'est Jerry qui allait démarcher les garagistes et avant de leur serrer la main, il se mettait un peu de produit dans la paume. Quand le garagiste enlevait sa main, il y avait dessus comme une petite clairière de propreté.
Pourquoi il explose en 2002
GOJO a inventé plein d'autres savons. Un jour, ils se sont dit : 'Tiens, parfois c’est relou pour les infirmières de se laver les mains avec du savon et de l’eau. Et si on proposait un produit trop bien qui remplace ça, ça te dit ?'. En 1988, ils ont donc sorti leur premier gel hydroalcoolique sous le nom de Purell. Ce fut un flop total et absolu. Personne ne l’achetait, ni les hôpitaux ni les gens.
Jusqu’en 2002. Cette année-là, il y a eu un véritable coup de tonnerre. Le Centers for Disease Control and Prevention, l’organisme chargé de dire ce qui est bien et ce qui n'est pas bien en matière de santé aux États-Unis, annonce que les gels hydroalcooliques marchent mieux que le savon pour tuer la plupart des bactéries et des virus. Un avis appuyé sur les différentes études qu’ils ont menées.
Le Purell explose alors, non seulement dans les hôpitaux mais aussi pour les particuliers.